Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/370

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— Ah ! vous l’avez appelé Caprice, reprit le monsieur en souriant ; c’est bien nommé ; je regrette de vous chagriner, ma gentille demoiselle, mais il faut que je remmène mon chien ; j’en ai besoin pour les chasses qui vont commencer. Ici, Brillant ! ici ! » cria le monsieur d’une voix impérieuse et dure.

Brillant ne bougeait pas ; il restait effrayé et tremblant derrière Camille et Madeleine, en les regardant avec tendresse et chagrin. Il avait l’air de leur dire :

« Mes chères petites maîtresses que j’ai choisies, protégez-moi contre ce méchant maître, qui me traite mal et que je n’aime pas. »

Camille, attendrie par le regard suppliant du pauvre chien, avança vers le monsieur et se hasarda à lui dire :

« Monsieur, nous savons que vous avez le droit d’emmener Caprice, puisqu’il est à vous ; mais nous vous prions tous de ne pas nous en séparer, car il nous a choisis pour maîtres, il nous aime et nous l’aimons ; ce sera un grand chagrin pour nous de ne plus l’avoir.

— Ma chère demoiselle, reprit le monsieur après quelques instants d’hésitation, ce chien n’a pas son pareil pour chasser ; sans lui je n’ai plus de plaisir à la chasse ; il faut que je l’emmène à quinze lieues d’ici, chez mon frère qui m’attend. »

En finissant ces mots, le monsieur salua poliment, s’approcha de Brillant, lui attacha une corde au cou et voulut l’emmener. Mais le chien résista de