Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/79

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Sophie, se reculant.

C’était toi !… C’est méchant, cela ! c’est vrai !… Ce pauvre Arthur a les bras et le dessus des cuisses tout grillés… Et le pauvre petit Bijou est affreux, il a l’air d’un lièvre cuit.

Léonce.

Est-ce qu’Arthur a bien mal ?

Sophie.

Non, il ne souffre pas depuis que ma bonne lui a mis du coton trempé dans de l’eau-de-vie ; seulement, il se désole d’avoir rendu Bijou si laid.

Léonce.

Il est donc réellement bien laid ?

Sophie.

Affreux, affreux ! Si tu voyais, tu ne pourrais pas t’empêcher de rire. Il a l’air si piteux, si maigrelet ! il est d’une si drôle de couleur ! Ha ! ha ! ha ! je lui ai ri au nez quand je l’ai revu. Arthur n’était pas content ; il disait que je devais pleurer. J’ai essayé ; pas moyen ! Je riais malgré moi ; j’ai pourtant fini par pleurer, mais c’était à force de rire. Je ne savais pas que c’était toi qui avais donné ce beau conseil à Arthur. Sais-tu que c’est réellement méchant ? Tu savais bien que le feu brûlerait.

Léonce.

Je le sais bien, que j’ai été méchant. Mais je t’assure que je ne le serai plus. Je t’en prie, je t’en prie, dis-le à papa. Demande-lui pardon pour moi. Dis-lui que je ne recommencerai jamais. »

Et Léonce se mit de nouveau à pleurer.