Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/82

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et ma tante a bien raison de les aimer mieux que moi.

Le père.

Ta tante t’aimera tout autant si tu mérites d’être aimé. Je veux bien croire à ton repentir ; mais durera-t-il ? Ne recommenceras-tu pas tes méchancetés envers Sophie et Arthur ?

Léonce.

Non, non, papa. Croyez-le. Je ne recommencerai pas, parce que je suis trop reconnaissant de leur bonté ; je sais que ce sont eux qui ont demandé grâce pour moi, Sophie m’a quitté pour cela après avoir cherché à me consoler. Je ne serai plus jaloux d’eux, parce que je sens trop bien qu’ils sont meilleurs que moi ; et alors je n’aurai plus que de l’affection pour eux, et je ne chercherai pas à leur faire du mal.

— À cette condition, je veux bien te pardonner, mon ami, dit le papa en relevant Léonce resté à genoux devant lui. Qu’il ne soit plus question du passé ; prouve-moi que j’ai eu raison de te pardonner, en changeant tout à fait de sentiments, et en devenant bon frère et bon enfant. Prie le bon Dieu qu’il t’aide à ce changement, et demande-lui bien pardon de ta journée d’aujourd’hui.

Léonce.

Oh oui ! papa, aujourd’hui et tous les jours je lui demanderai de m’aider à devenir bon comme Sophie et Arthur. Merci, papa, merci ; vous êtes bien bon aussi et vous me rendez bien heureux.