Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/84

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entendu que papa t’a pardonné tout à fait ? De quoi as-tu peur ?

Léonce.

Je pleure de joie, ce n’est pas de peur. Je suis touché de la bonté de papa et de la vôtre, Sophie et Arthur. Ce pauvre Arthur, au lieu d’être bien aise de me voir punir, a demandé grâce pour moi ; cela me fait pleurer d’attendrissement.

Arthur.

Comment aurais-je pu être assez méchant pour me réjouir de ton chagrin, mon pauvre Léonce ?

Léonce.

C’est pourtant ce qui m’est arrivé bien des fois quand j’étais jaloux de vous et que je cherchais à me venger de ce que j’étais mauvais quand vous étiez bons.

Sophie.

Tu étais jaloux de nous ? Oh ! que c’est drôle ! Je ne m’étais donc pas trompée quand je disais que tu étais jaloux de ce que ma tante avait donné Bijou à Arthur et pas à toi ?

Léonce.

Non, tu ne te trompais pas ; c’est pour cela que j’ai pris en grippe le pauvre Bijou.

Arthur.

Mais, à présent que tu n’es plus jaloux, tu ne le détesteras plus, et tu ne lui feras plus de mal ?

Léonce.

Non, non, je te le promets.

— Alors, je peux le tirer de sa cachette », dit Arthur enchanté.