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LES MALHEURS DE SOPHIE.

beau crier, demander grâce, elle reçut le fouet de la bonne manière, et il faut avouer qu’elle le méritait.

Mme de Réan vida le tiroir et emporta tout ce qu’elle y avait trouvé, pour le remettre dans sa boîte, laissant Sophie pleurer seule dans le petit salon.

Elle était si honteuse qu’elle n’osait plus rentrer pour dîner ; et elle fit bien, car Mme de Réan lui envoya sa bonne pour l’emmener dans sa chambre, où elle devait dîner et passer la soirée. Sophie pleura beaucoup et longtemps ; la bonne, malgré ses gâteries habituelles, était indignée et l’appelait voleuse.

« Il faudra que je ferme tout à clef, disait-elle, de peur que vous ne me voliez. Si quelque chose se perd dans la maison, on saura bien trouver le voleur et on ira tout droit fouiller dans vos tiroirs. »

Le lendemain, Mme de Réan fit appeler Sophie.

« Écoutez, mademoiselle, lui dit-elle, ce que m’écrivait votre papa en m’envoyant la boîte à ouvrage. »

« Ma chère amie, je viens d’acheter une charmante boîte à ouvrage que je vous envoie. Elle est pour Sophie, mais ne le lui dites pas et ne la lui donnez pas encore. Que ce soit la récompense de huit jours de sagesse. Faites-lui voir la boîte, mais ne lui dites pas que je l’ai achetée pour elle. Je ne veux pas qu’elle soit sage par