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LES MALHEURS DE SOPHIE.

intérêt, pour gagner un beau présent ; je veux qu’elle le soit par un vrai désir d’être bonne… »

« Vous voyez, continua Mme de Réan, qu’en me volant, vous vous êtes volée vous-même. Après ce que vous avez fait, vous auriez beau être sage pendant des mois, vous n’aurez jamais cette boîte. J’espère que la leçon vous profitera et que vous ne recommencerez pas une action si mauvaise et si honteuse. »

Sophie pleura encore, supplia sa maman de lui pardonner. La maman finit par y consentir, mais elle ne voulut jamais lui donner la boîte ; plus tard elle la donna à la petite Élisabeth Chéneau, qui travaillait à merveille et qui était d’une sagesse admirable.

Quand le bon, l’honnête petit Paul apprit ce qu’avait fait Sophie, il en fut si indigné qu’il fut huit jours sans vouloir aller chez elle. Mais, quand il sut combien elle était affligée et repentante, et combien elle était honteuse d’être appelée voleuse, son bon cœur souffrit pour elle ; il alla la voir ; au lieu de la gronder, il la consola et lui dit :

« Sais-tu, ma pauvre Sophie, le moyen de faire oublier ton vol ? C’est d’être si honnête, qu’on ne puisse pas même te soupçonner à l’avenir. »

Sophie lui promit d’être très honnête, et elle tint parole.