talon et pique l’âne avec l’épingle. L’âne part au trot. Sophie, enchantée, pique encore et encore ; l’âne se met à galoper, et si vite que Sophie a peur ; elle se cramponne à la bride. Dans sa frayeur elle serre son talon contre l’âne ; plus elle appuie, plus elle pique ; il se met à ruer, à sauter, et il lance Sophie à dix pas de lui. Sophie reste sur le sable, étourdie par la chute. Paul, qui était demeuré en arrière, accourt, effrayé ; il aide Sophie à se relever ; elle avait les mains et le nez écorchés.
« Que va dire maman ? dit-elle à Paul. Que lui dirons-nous quand elle nous demandera comment j’ai pu tomber ?
Nous lui dirons la vérité.
Oh ! Paul ! pas tout, pas tout ; ne parle pas de l’épingle.
Mais que veux-tu que je dise ?
Dis que l’âne a rué et que je suis tombée.
Mais l’âne est si doux, il n’aurait jamais rué sans ta maudite épingle.
Si tu parles de l’épingle, maman nous grondera : elle nous ôtera l’âne.
Moi, je crois qu’il vaut mieux toujours dire la