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Page:Ségur - Les Malheurs de Sophie.djvu/223

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LES MALHEURS DE SOPHIE.

toi, parce que je t’aime et qu’en te faisant plaisir je me fais plaisir à moi-même. »

Sophie se jeta au cou de Paul et l’embrassa en pleurant plus fort. Paul ne savait plus comment la consoler ; enfin il lui dit :

« Écoute, Sophie, si tu pleures toujours, je vais pleurer aussi : cela me fait de la peine de te voir du chagrin. »

Sophie essuya ses yeux et lui promit, en pleurant toujours, de ne plus pleurer.

« Oh ! Paul ! lui dit-elle, laisse-moi pleurer ; cela fait du bien ; je sens que je deviens meilleure. »

Mais, quand elle vit que les yeux de Paul commençaient aussi à se mouiller de larmes, elle sécha les siens, elle reprit un visage riant, et ils montèrent ensemble dans leur chambre, où ils jouèrent jusqu’au dîner.

Le lendemain, Sophie proposa une nouvelle promenade en voiture à âne. La bonne lui dit qu’elle avait à savonner et qu’elle ne pourrait pas y aller. La maman et la tante étaient obligées d’aller faire une visite à une lieue de là, chez Mme de Fleurville.

« Comment allons-nous faire ? dit Sophie d’un air désolé.

— Si j’étais sûre que vous soyez tous deux bien sages, dit Mme de Réan, je vous permettrais d’aller seuls ; mais toi, Sophie, tu as tou-