Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/160

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un coup de poing sur l’épaule. Camille et Madeleine se jetèrent entre elles pour empêcher Marguerite de continuer la bataille commencée. Madeleine retenait avec peine Sophie, pendant que Camille maintenait Marguerite et lui faisait honte de son emportement. Marguerite s’apaisa immédiatement et fut désolée d’avoir répondu si vivement à Sophie ; celle-ci résistait à Madeleine et voulait absolument se venger de ce qu’on lui avait lancé des cerises à la figure.

« Laisse-moi, criait-elle, laisse-moi lui donner autant de coups que j’ai reçu de cerises à la tête ; lâche-moi, ou je te tape aussi. »

Les cris de Sophie, ajoutés à ceux de Camille et de Madeleine, qui l’exhortaient vainement à la douceur, attirèrent Mme de Rosbourg et Mme de Fleurville ; elles parurent au moment où Sophie, se débarrassant de Camille et de Madeleine par un coup de pied et un coup de poing, s’élançait sur Marguerite qui ne bougeait pas plus qu’une statue. La présence de ces dames arrêta subitement le bras levé de Sophie ; elle resta pétrifiée, craignant la punition et rougissant de sa colère.

Mme de Fleurville s’approcha d’elle en silence, la prit par le bras, l’emmena dans une chambre que Sophie ne connaissait pas encore et qui s’appelait le cabinet de pénitence, la plaça sur une chaise devant une table, et, lui montrant du papier, une plume et de l’encre, elle lui dit :