Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/166

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esprit de révolte, qui vous a excitée à résister à mes ordres. J’espérais vous trouver en bonne disposition pour vous ramener au repentir, pour faire votre paix avec Dieu et avec moi ; mais, d’après ce que je vois, j’attendrai à demain. Adieu, mademoiselle. Priez le bon Dieu qu’il ne vous fasse pas mourir cette nuit avant de vous être reconnue et repentie. »

Mme de Fleurville se dirigea vers la porte ; elle avait déjà tourné la clef, lorsque Sophie, se précipitant vers elle, l’arrêta par sa robe, se jeta à ses genoux, lui saisit les mains, qu’elle couvrit de baisers et de larmes, et à travers ses sanglots fit entendre ces mots, les seuls qu’elle put articuler : Pardon ! Pardon !

Mme de Fleurville restait immobile, considérant Sophie toujours à genoux ; enfin elle se baissa vers elle, la prit dans ses bras et lui dit avec douceur :

« Ma chère enfant, le repentir expie bien des fautes. Tu as été très coupable envers le bon Dieu d’abord, envers moi ensuite ; le regret sincère que tu en éprouves te méritera sans doute le pardon, mais ne t’affranchit pas de la punition : tu ne reviendras pas avec tes amies avant demain soir, et tout le reste se fera comme je te l’ai dit. »

Sophie, avec véhémence.

Oh ! madame, chère madame, la punition me sera douce, car elle sera une expiation ; votre