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XIX

L’ILLUMINATION


Depuis un an que Sophie était à Fleurville, elle n’avait encore aucune nouvelle de sa belle-mère ; loin de s’en inquiéter, ce silence la laissait calme et tranquille ; être oubliée de sa belle-mère lui semblait l’état le plus désirable. Elle vivait heureuse chez ses amies ; chaque journée passée avec ces enfants modèles la rendait meilleure et développait en elle tous les bons sentiments que l’excessive sévérité de sa belle-mère avait comprimés et presque détruits. Mme de Fleurville et son amie Mme de Rosbourg étaient très bonnes, très tendres pour leurs enfants, mais sans les gâter ; constamment occupées du bonheur et du plaisir de leurs filles, elles n’oubliaient pas leur perfectionnement, et elles avaient su, tout en les rendant très heureuses, les rendre bonnes et toujours disposées à s’oublier pour se dévouer au bien-être des autres. L’exemple des mères n’avait pas été perdu pour leurs enfants, et Sophie en profitait comme les autres.

Un jour Mme de Fleurville entra chez Sophie ; elle tenait une lettre.