Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/213

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nous avions pour acheter du pain, et maintenant nous n’avons plus rien à vendre. Que va devenir ma pauvre mère ? Que pourrais-je faire pour la sauver ?

Et la petite fille recommença à sangloter.

Mme de Rosbourg avait été fort émue et fort agitée par ce récit.

« Sur quel vaisseau était monté ton père, demanda-t-elle d’une voix tremblante, et comment s’appelait le commandant ? »

La petite fille.

C’était la frégate la Sibylle, commandant de Rosbourg. »

Mme de Rosbourg poussa un cri et saisit dans ses bras la petite fille effrayée.

« Mon mari !… son vaisseau !… répétait-elle. Pauvre enfant, toi aussi, tu es restée orpheline comme ma pauvre Marguerite ! Ta pauvre mère pleure comme moi un mari perdu, mais vivant peut-être. Ah ! ne t’inquiète plus de ta mère ni de ton avenir ; vite, conduis-moi près d’elle, que je la voie, que je la console ! »

Un matelot de la Sibylle.

Et elle pressa le pas, tenant par la main, la petite Lucie (c’était son nom) ; Mme de Fleurville et les enfants suivaient en silence. Lucie n’avait pas bien compris l’exclamation et les promesses de Mme de Rosbourg, mais elle sentait que c’était du bonheur qui lui arrivait et que sa mère serait secourue ; elle marchait aussi vite que le lui permet-