Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/240

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si nous sommes obligées de passer la nuit dans cette terrible forêt ?

— C’est impossible, chère Marguerite ; on doit déjà être inquiet à la maison, et l’on nous enverra chercher.

— Si nous pouvions au moins trouver de l’eau ! J’ai si soif que la gorge me brûle.

— N’entends-tu pas le bruit d’un ruisseau dans le bois ?

— Je crois que tu as raison ; allons voir. »

Elles entrèrent dans le fourré en se frayant un passage à travers les épines et les ronces qui leur déchiraient les jambes et les bras. Après avoir fait ainsi une centaine de pas, elles entendirent distinctement le murmure de l’eau. L’espoir leur redonna du courage ; elles arrivèrent au bord d’un ruisseau très étroit, mais assez profond ; cependant, comme il coulait à pleins bords, il leur fut facile de boire en se mettant à genoux. Elles étanchèrent leur soif, se lavèrent le visage et les bras, s’essuyèrent avec leurs tabliers et s’assirent au bord du ruisseau. Le soleil était couché ; la nuit arrivait ; la terreur des pauvres petites augmentait avec l’obscurité ; elles ne se contraignaient plus et pleuraient franchement de compagnie. Aucun bruit ne se faisait entendre ; personne ne les appelait ; on ne pensait probablement pas à les chercher si loin.

« Il faut tâcher, dit Sophie, de revenir sur le chemin que nous avons quitté ; peut-être verrons-nous