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Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/25

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« Et pourquoi donc me quitteriez-vous, chère amie ? dit un jour Mme de Fleurville. Pourquoi ne vivrions-nous pas ensemble ? Notre petite Marguerite est parfaitement heureuse avec Camille et Madeleine, qui seraient désolées, je vous assure, d’être séparées de Marguerite ; je serai enchantée si vous me promettez de ne pas me quitter. »

Madame de Rosbourg.

Mais ne serait-ce pas bien indiscret aux yeux de votre famille ?

Madame de Fleurville.

Nullement. Je vis dans un grand isolement depuis la mort de mon mari. Je vous ai raconté sa fin cruelle dans un combat contre les Arabes, il y a six ans. Depuis j’ai toujours vécu à la campagne. Vous n’avez pas de mari non plus, puisque vous n’avez reçu aucune nouvelle du vôtre depuis le naufrage du vaisseau sur lequel il s’était embarqué.

Madame de Rosbourg.

Hélas ! oui ; il a sans doute péri avec ce fatal vaisseau : car depuis deux ans, malgré toutes les recherches de mon frère, le marin qui a presque fait le tour du monde, nous n’avons pu découvrir aucune trace de mon pauvre mari, ni d’aucune des personnes qui l’accompagnaient. Eh bien, puisque vous me pressez si amicalement de rester ici, je consens volontiers à ne faire qu’un mé-