Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/82

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tain clair de Madeleine, doux comme de la soie, étaient partagés en deux touffes bien lissées, bien nattées et rattachées au-dessus de l’oreille par de petits peignes ; lorsqu’on avait du monde à dîner, on y ajoutait un nœud en velours noir. Leurs robes étaient en percale blanche tout unie ; un pantalon à petits plis et des brodequins en peau complétaient cette simple toilette. Marguerite était habillée de même ; seulement ses cheveux noirs, au lieu d’être relevés, tombaient en boucles sur son joli petit cou blanc et potelé. Toutes trois avaient le cou et les bras nus quand il faisait chaud ; le jour dont nous parlons, la chaleur était étouffante.

Mme de Fleurville avait à dîner quelques voisins.

Quelques instants avant l’heure du dîner, Mme Fichini arriva avec une toilette d’une élégance ridicule pour la campagne. Sa robe de soie lilas clair était garnie de trois amples volants bordés de ruches, de dentelles, de velours ; son corsage était également bariolé de mille enjolivures qui le rendaient aussi ridicule que sa jupe ; l’ampleur de cette jupe était telle, que Sophie avait été reléguée sur le devant de la voiture, au fond de laquelle s’étalait majestueusement Mme Fichini et sa robe. La tête de Sophie paraissait seule au milieu de cet amas de volants qui la couvraient. La calèche était découverte ; la société était sur le perron. Mme Fichini descendit, triomphante, grasse, rouge, bourgeonnée. Ses yeux étincelaient d’or-