Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

gueil satisfait ; elle croyait devoir être l’objet de l’admiration générale avec sa robe de mère Gigogne, ses gros bras nus, son petit chapeau à plumes de mille couleurs couvrant ses cheveux roux, et son cordon de diamants sur son front bourgeonné. Elle vit avec une satisfaction secrète les toilettes simples de toutes ces dames ; Mmes de Fleurville et de Rosbourg avaient des robes de taffetas noir uni ; aucune coiffure n’ornait leurs cheveux, relevés en simples bandeaux et nattés par derrière ; les dames du voisinage étaient les unes en mousseline unie, les autres en soie légère ; aucune n’avait ni volants, ni bijoux, ni coiffure extraordinaire. Mme Fichini ne se trompait pas en pensant à l’effet que ferait sa toilette ; elle se trompa seulement sur la nature de l’effet qu’elle devait produire : au lieu d’être de l’admiration, ce fut une pitié moqueuse.

« Me voici, chères dames, dit-elle en descendant de voiture et en montrant son gros pied chaussé de souliers de satin lilas pareil à la robe, et à bouffettes de dentelle ; me voici avec Sophie comme saint Roch et son chien. »

Sophie, masquée d’abord par la robe de sa belle-mère, apparut à son tour, mais dans une toilette bien différente : elle avait une robe de grosse percale faite comme une chemise, attachée à la taille avec un cordon blanc ; elle tenait ses deux mains étalées sur son ventre.