Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/97

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Madeleine.

Et pourquoi ne l’as-tu pas dit ?

Camille leva les yeux, regarda Sophie et ne répondit pas.

Sophie se troublait de plus en plus ; Madeleine et Marguerite s’étonnaient de l’embarras de Camille, de l’agitation de Sophie. Enfin Sophie, ne pouvant plus contenir son sincère repentir et sa reconnaissance envers la généreuse Camille, se jeta à genoux devant elle en sanglotant : « Pardon, oh pardon, Camille, ma bonne Camille ! J’ai été méchante, bien méchante ; ne m’en veux pas. »

Marguerite regardait Sophie d’un œil enflammé de colère ; elle ne lui pardonnait pas d’avoir causé un si vif chagrin à sa chère Camille.

« Méchante Sophie, s’écria-t-elle, tu ne viens ici que pour faire du mal ; tu as fait punir un jour ma chère Camille, aujourd’hui tu la fais pleurer ; je te déteste, et cette fois-ci c’est pour de bon ; car, grâce à toi, tout le monde croit Camille gourmande, voleuse et menteuse. »

Sophie tourna vers Marguerite son visage baigné de larmes et lui répondit avec douceur :

« Tu me fais penser, Marguerite, que j’ai encore autre chose à faire qu’à demander pardon à Camille ; je vais de ce pas, ajouta-t-elle en se levant, dire à ma belle-mère et à ces dames que c’est moi qui ai volé les poires, que c’est moi qui