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LES VACANCES.

cevoir ; ils avaient l’air triste et abattu. Après quelques heures passées ensemble, le roi demanda à mon père une dernière grâce. « Tu nous as appris ta religion, tu nous as montré à prier ton Dieu, tu nous as dit que ceux qui ne recevaient pas l’eau sacrée sur la tête ne seraient pas avec toi dans ton ciel. Nous aimons ton Dieu, nous croyons en lui, et nous voulons te rejoindre près de lui. Verse sur nous l’eau du baptême, pour que nous soyons chrétiens comme toi. » « Ces braves gens me touchent, » dit mon père au capitaine. Et s’adressant au roi : « Je ferai comme tu désires, lui dit-il. Je sais que tu aimes mon Dieu, que tu le connais, que tu le pries. Je verserai l’eau du baptême sur ta tête et sur celle de tes fils. Ceux de tes sujets qui voudront être baptisés, le seront après toi. » Le roi remercia tendrement et tristement mon père ; tout le monde s’achemina vers le village et le ruisseau. Mon père baptisa le roi et ses fils ; puis tous les sauvages demandèrent le baptême avec leurs femmes et leurs enfants. La cérémonie ne finit qu’à la nuit ; mon père pouvait à peine se soutenir de fatigue. « Vous voilà chrétiens, leur dit-il ; n’oubliez pas mes conseils : vivez en paix entre vous, aimez Dieu, aimez vos frères, pardonnez à vos ennemis. Adieu, mes amis, adieu. Je ne vous oublierai ja-