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LES VACANCES.

tendre, les esprits disparurent tous, et le chevalier avec eux. Le maréchal resta seul ; la lanterne du chevalier était heureusement restée à terre. « Comment reconnaîtrai-je ma dalle ? dit le maréchal ; je ne puis l’ouvrir maintenant, puisque deux heures sont sonnées. Si j’avais emporté ma tabatière ou quelque objet pour le poser dessus. » Pendant qu’il réfléchissait, il ressentit de cruelles douleurs d’entrailles, résultat du saisissement causé par la visite du chevalier. Le maréchal se prit à rire : « C’est mon bon ange, dit-il, qui m’envoie le moyen de déposer un souvenir sur cette dalle précieuse. Quand j’y viendrai demain, je ne pourrai la méconnaître… » Aussitôt dit, aussitôt fait, poursuivit M. de Rugès en riant. Le maréchal ne commença à remonter l’escalier qu’après s’être assuré de retrouver sa pierre entre mille. Il monta, monta longtemps ; enfin il arriva au haut de cet interminable escalier ; à la dernière marche la lanterne échappa de ses mains et roula jusqu’en bas. Le maréchal ne s’amusa pas à courir après. Il rentra dans sa chambre, repoussa soigneusement le mur, non sans avoir bien examiné le ressort et s’être assuré qu’il pouvait facilement l’ouvrir et le fermer. Après s’y être exercé plusieurs fois, et après avoir fait avec son épée une marque pour reconnaître la