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LES VACANCES.

cinquante mètres. — Alors il faut tâcher de ravoir les quarante-quatre mètres qui vous manquent mère Martin. Laissez-moi faire ; je crois bien que je vous les retrouverai. Nous allons bien surveiller le marché ; si la femme ou le père Léonard y apporte votre toile, je les arrête ; s’ils n’y viennent pas ou qu’ils y viennent avec rien que leurs sacs de farine, j’irai demain avec mes camarades faire une reconnaissance au moulin. Puisque c’est la petite Léonard qui vous en a vendu un bout, c’est que l’autre bout est au moulin. — Mais si elle la vend à quelque voisin ? dit la mère Martin. — N’ayez pas peur, ma bonne femme, elle n’osera pas ; tout le monde chez vous sait que votre toile est volée. — Je crois bien qu’on le sait, dit la mère Martin, je l’ai dit à tout le village, et j’ai envoyé mon garçon et ma petite le dire partout dans les environs, de crainte qu’elle ne soit vendue par là. — Vous voyez bien qu’il n’y a pas de danger, » que je lui réponds. Et je me mets en quête avec les camarades. Rien au marché, rien dans la ville. Alors, nous sommes venus ce matin faire notre visite au moulin, avec un ordre d’arrêter, s’il y a lieu. Nous avons cherché partout ; nous ne trouvions rien. Les Léonard nous agonisaient d’injures. Enfin, je me rappelle la farine que secouaient