Page:Ségur - Lettres d une grand mère.djvu/10

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savait bien garder son incognito en toutes circonstances ; elle avait une telle horreur des compliments et de la flatterie !

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Née en 1799, Sophie Rostoptchine était encore une fillette quand l’incendie de Moscou lui révéla quel héros était son père. Ce souvenir fut ineffaçable ; elle en parlait avec une admiration enthousiaste qu’elle nous a communiquée. Sa conversion au catholicisme, due à sa pieuse mère, lui fit agréer un mariage en France, et en 1819 elle épousait Eugène comte de Ségur, ancien page de Napoléon Ier et officier de cavalerie.

La petite fille aux grands yeux gris espiègles, aux joues roses, était devenue alors une personne charmante, dont la physionomie était des plus expressives, dont les magnifiques cheveux blond foncé étaient non moins remarquables que le teint éclatant, et dont la tournure élégante était aristocratique au suprême degré. Que l’on joigne à cela une simplicité profonde, une grâce qui s’ignore, et l’on aura le portrait de ma mère au moment de son mariage.

Sur huit enfants que Dieu lui envoya, le second, Renaud, mourut tout jeune ; l’aîné était mon frère Gaston, ce saint Monseigneur de Ségur dont la cécité a fait briller d’un plus vif éclat les multiples vertus.

Celui qui vint après Renaud était Anatole, marquis de Ségur, ancien conseiller d’État, auteur distingué ; puis Edgar comte de Ségur-Lamoignon, ancien secrétaire d’ambassade et ancien député, dévoué aujourd’hui à l’œuvre des cercles catholiques ouvriers.

Quatre filles arrivent à la suite ; Nathalie, baronne de Malaret, jadis Dame du Palais de l’Impératrice ; Sabine, qui, entrée au monastère de la Visitation, y mourut en vraie sainte, et Henriette, sa sœur jumelle, devenue la femme