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Page:Ségur - Lettres d une grand mère.djvu/127

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mort. Maman n’était pas sur le perron, heureusement [1] ; tous criaient : Il est mort ! il est mort ! Quand elle est arrivée, on lui a tout de suite dit qu’il vivait et qu’il n’avait rien de cassé ni de démis, et que les jambes étaient seulement très contusionnées et écorchées. Au bout d’une heure il s’est remis, mais ne pouvant pas se tenir sur ses jambes, il n’était pas possible de partir ; l’heure du train était passée. J’ai envoyé une dépêche télégraphique à ton oncle qui m’aurait attendu et je me suis arrangée pour demain. On a envoyé chercher M. Bouyer, qui va venir avant dîner ; mais je ne pense pas qu’il trouve rien de grave, car il remue et ploie les jambes et les pieds : donc il n’a rien de cassé, mais il sera une quinzaine de jours avant de pouvoir marcher. Je laisse donc ce pauvre Saint-Jean chez maman qui a été excellente pour lui ; elle l’a frotté longtemps avec de l’huile de millepertuis, ce qui l’a beaucoup soulagé ; il souffre moins et se trouve plus calme ; on l’a couché dans la chambre de l’abbé, où il est mieux qu’en haut et plus facile à soigner. S’il est mieux demain, je partirai donc demain avec Honorine et j’irai vous voir mercredi sans faute si je ne viens pas, c’est qu’il est en danger (ce que je ne crois pas) et je t’écrirai demain….. Adieu, enfant chéri, je t’embrasse tendrement avec le cœur joyeux de vos excellents surveillants. Je pense à toi bien souvent. Ton furet est mort ; il n’a pas reparu. Brière te remercie de ton bon souvenir, Saint-Jean aussi… Le petit Louis va bien et maman aussi ; il dort bien et maman aussi. Brière compte avoir un nouveau furet plus gros. Je t’apporterai le livre de ton oncle Philipe [2] quand j’irai te voir. Adieu, chéri : communique ma lettre à Paul que j’embrasse bien. Il fait beau, mais très froid.

Grand’mère de Ségur.


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  1. On craignait une émotion pour moi, car je nourrissais Louis alors.
  2. De Ségur.