Page:Ségur - Lettres d une grand mère.djvu/128

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Malaret, 18 novembre 1872.

Cher enfant…. je t’annonce avec plaisir que ton oncle m’a arrêté un appartement… il est au premier, très clair, avec une chambre à vous donner à côté du salon ; vous pourrez y déposer tous vos effets et y coucher en cas de besoin ; je ne l’ai que du mois d’avril malheureusement, mais j’y passerai deux mois avec vous. Ce sera un grand bonheur pour moi. Quand tu m’écriras, parle-moi de tes places et de celles de Paul. Louis et Gaston travaillent bien avec leur gouverneur ; ton oncle de Malaret travaille dans leur chambre d’étude pour les surveiller comme un Père surveillant, car ils ont besoin d’être gardés à vue, surtout Louis qui aime peu le travail et n’en comprend pas bien la nécessité ni l’utilité ; il a surtout l’horreur du grec, et c’est là-dessus qu’on le pousse principalement, pour réparer le temps perdu [1]. Gaston est plus studieux et il apprend plus facilement… Ils font cuire des marrons et des pommes de terre pendant leurs trois récréations d’une heure et demie chacune, dans un four qu’ils ont construit dans le parc et dont ils s’amusent comme des babys (lisez bébés)….. J’ai reçu de bonnes nouvelles de Livet…. Le petit Louis est gros, énorme ; il rit beaucoup, dort peu et tète énormément. Tout le monde l’aime beaucoup….. Françoise le porte très bien et voudrait toujours l’avoir. Adieu, mon bien cher enfant ; je vais très bien ; je marche mieux ; je viens de me promener pendant une heure sans fatigue…..Je t’embrasse comme je t’aime, de tout mon cœur ; je voudrais ne jamais te quitter et je suis presque toujours éloignée de toi ; remets à Paul le petit mot ci-joint. Louis chasse jeudi et dimanche ; il tue pas mal de lapins et de lièvres ; il n’y a que cela ici.

Grand’mère de Ségur.


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  1. Il avait été longtemps malade.