Page:Ségur - Lettres d une grand mère.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée



Malaret, 80 novembre 1872.

Cher enfant chéri, j’ai voulu t’écrire tous ces jours-ci, mais j’en ai été empêchée par mille petites occupations accidentelles, jointes à une correspondance plus active à cause du malheur de la pauvre Élisabeth…..Son superbe garçon est mort peu de minutes après sa naissance ; elle et Jean ont été tellement désolés qu’on a eu des craintes sérieuses pour la vie d’Élisabeth ; heureusement que sa foi et sa résignation lui ont fait comprendre que la grâce du baptême que l’enfant a pu recevoir était une grâce plus grande que n’aurait pu être une vie même très chrétienne, et dont le but (le salut éternel) était atteint dès sa naissance avant que le péché ait souillé sa petite âme innocente.

Elle a donc fini par surmonter sa douleur et sa santé s’est remise de cette dure secousse. Ton oncle Gaston était à Montmorillon pendant ce temps ; il est de retour à Paris, un peu fatigué de la retraite qu’il a prêchée et de ses nombreuses confessions entremêlées de consolations qu’il donnait à Élisabeth, à Jean, à ta tante Henriette et même au vieux M. de M. qui avait ardemment désiré un petit-fils. C’est ton oncle qui te fera sortir mercredi ler décembre…

Si on ne vous envoie pas exactement votre chocolat….. tu y passeras pour leur dire que s’ils ne sont pas exacts, je les changerai contre Sen…, et s’ils te répondent impoliment, tu leur diras qu’ils ne vous en envoient plus, tu en commanderas chez Sen….. et tu me l’écriras. Louis et Gaston travaillent admirablement depuis un jeudi de retenue, et un système de retenues d’un quart d’heure, d’une demi-heure, d’une heure même, pouvant se rache-