Louis et de Gaston ne périssent plus ; on devait les vendre au marché d’hier à Verfeil, mais le temps a été si affreux qu’il n’est venu personne et qu’on ne les y a pas portés. Certainement il n’a pas fait plus mauvais pendant les quarante jours du déluge. Dis-moi dans ta première lettre si toi et Paul vous avez des engelures ; moi j’en ai aux mains, surtout à la main gauche ; le vernis les empêche d’augmenter et ôte toute douleur, démangeaison et chaleur ; mais l’engelure reste gonflée sous le vernis ; c’est laid, mais du moins on ne souffre pas. Gaston a failli, il y a trois jours, se couper le bout du nez ; en coupant une grosse tranche de pain, le couteau lui a tourné dans la main et lui a fait une grande entaille dans le nez ; le sang a jailli avec abondance ; on m’a appelée au secours et voyant que le sang ne s’arrêtait pas, j’ai donné de l’hyperchlorate de fer, qui a arrêté le sang immédiatement ; mais ce que je craignais est arrivé ; ta tante de Malaret, dans sa hâte d’arrêter l’écoulement, en a versé à flots sur le bout du nez, qui est devenu noir comme un charbon ; quand je l’ai revu, son nez m’a effrayé, j’ai cru qu’il resterait ainsi [1] : le bout du nez traversé par une entaille et le reste noir comme de l’ébène. J’avais une peur affreuse que l’hyper- chlorure n’ait teint le nez d’une manière indélébile, ce pauvre nez si bien fait ; je n’ai heureusement témoigné mes craintes à personne et dès le lendemain elles se sont calmées, car le nez se nettoie de jour en jour et reprend une couleur naturelle à partir du haut ; mais l’entaille laissera une marque certainement….. Adieu, cher enfant, je te quitte en t’embrassant tendrement….. Je vais bien. Il fait un temps de déluge depuis trois jours ; c’est bien ennuyeux pour vous tous. Comment va la toux de Paul ?
- ↑ Un croquis est joint à la lettre.