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Kermadio, 15 juin 1868.
Mon cher petit Jacques,

Je pense que tuas pu recevoir Notre-Seigneur le jour de la Pentecôte et à la Fête-Dieu. Il y a eu ici une superbe procession avec les belles statues dorées de la sainte Vierge, saint Joseph, l’Enfant-Jésus et sainte Anne, patronne d’Auray et de tout le pays. Nous l’avons suivie par une chaleur atroce ; il y avait plus de 50 bannières, tous les marins du pays en grande tenue escortant un charmant vaisseau et des bateaux consacrés à sainte Anne. Adieu, cher enfant bien-aimé, je t’embrasse encore.

Grand’mère de Ségur.


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Paris, 1808, 3 septembre.

Merci, mon cher petit chéri, de ta lettre si gentille. Ta pauvre tante Sabine te remercie de penser à elle et de prier pour elle ; elle a bien besoin que le bon Dieu lui donne du courage, car elle souffre beaucoup de tous les membres ; ses jambes sont enflées et douloureuses jusqu’au-dessus du genou ; elles sont grosses comme le corps de Françon et crevassées aux chevilles, aux talons et sur le cou-de-pied. On ne l’entend presque pas parler, tant sa voix est faible ; et pourtant elle va un peu mieux depuis deux jours ; elle dort assez bien la nuit entre ses quintes de toux, et elle ne vomit plus ce qu’elle mange ; mais la maladie va toujours son train, et la fièvre ne la quitte presque pas. Je n’irai pas à Méry ; je resterai près de ta tante, de crainte d’un accident comme suffocation ou crachement de sang. J’es-