monde chez eux ; qu’on t’a trouvé aimable, naturel, modeste, causant bien et avec une mesure parfaite, enfin un vrai élève des Pères Jésuites. Cet éloge ne m’a pas étonnée, mais il m’adonne de l’orgueil en me faisant voir comme je t’avais bien jugé depuis ta naissance. J’espère que maman et tes frère et sœurs pourront bientôt revenir à Livet ; maman te verra à Poitiers en passant. Mais il faut que les chemins de fer aient recommencé à marcher. Adieu, mon cher petit chéri, je t’embrasse mille fois. Si tu as besoin de quelque chose, écris le-moi….. Je vais assez bien ; tout le monde t’embrasse.
- Grand’mère de Ségur.
Cher petit Jacques, tu es, je le crois, inquiet de papa ; sois bien tranquille, les Prussiens ont quitté Laigle et nos environs pour ne plus y revenir ; ils y reviendraient, que papa ni Livet ne courent aucun danger…..
Il n’y a pas de francs-tireurs chez nous ; or, les Prussiens ne font de mal qu’aux villages qui résistent, ou qui don- nent asile aux francs-tireurs, qu’ils craignent beaucoup et qui leur font beaucoup de mal.
…..Je m’empresse de te rassurer ; sois sûr que je te tiendrai au courant de ce qui peut t’intéresser et te rassurer. Pierre est enchanté d’être à Kermadio ; il est toujours avec Élisabeth ; ils sont très occupés à courir de tous côtés pour avoir des vêtements chauds et de l’argent pour nos pauvres prisonniers français qui souffrent tant du froid et de la faim en Allemagne ; ils ont déjà envoyé par Genève de nombreux et immenses ballots de gilets de laine, chaussures, linge, paletots, vareuses, cache-nez, bonnets