Page:Ségur - Lettres d une grand mère.djvu/93

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à emmener dans chaque canton. Tout est tranquille. Je t’embrasse. C’est ma troisième lettre depuis hier.

Grand’mère de Ségur.


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Kermadia, 6 mars 1871.

J’ai reçu ta lettre, mon petit chéri… Il y a dans ta lettre un mot que je ne crois pas beaucoup ; tu me dis que tu es moins sage qu’à Vaugirard. Je crois que tu es toujours très sage et que tu auras à la distribution des prix un prix d’excellence comme d’habitude. Ne te tue pas à faire des diligences ; ménage ta tête qui a besoin de toutes ses forces pour les dernières années d’étude. Papa va très bien ; la paix les a débarrassés des Prussiens. Dieu soit loué ; et mal- gré que les conditions en soient dures, elles ne sont qu’humiliantes pour la France et non déshonorantes ; le déshonneur n’est que pour la Prusse qui, depuis Sedan, s’est comportée en nation barbare, avide, injuste et méprisable. Dans peu d’années, nous serons comme le phénix qui renaît de ses cendres plus glorieux que jamais… Adieu, mon cher bon petit Jacques, je t’embrasse bien tendrement. Papa veut te donner Paul à emmener en octobre aux grandes vacances. Je pense qu’à cette époque Vaugirard sera régénéré, et que je ne serai plus un an sans te voir. Adieu, mon bien cher enfant, je t’embrasse encore et je ne cesse de penser à toi et de t’embrasser de tout mon cœur.

Tu sais que ton oncle Fresneau est député…..

Grand’mère de Ségur.


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