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Kermadio, 30 mars 1871.

Mon cher petit Jacques, tu es sûr d’avoir les vacances que le Père M. veut bien t’accorder. J’ai écrit, j’ai télégraphié à papa….. S’il ne peut venir te chercher, ce sera moi qui t’enverrai chercher par Saint-Jean pour t’amener à Kermadio ; tu seras privé de voir ton père et Livet, mais du moins tu viendras respirer le bon air de Kermadio, tu feras connaissance avec tes cousines et ton cousin, tu verras la mer, tu iras voir Lorient, le collège de Vannes où tu trouveras ton ami d’H., et tu iras voir les fameuses pierres de Carnac qui ont l’air d’une armée rangée en bataille. La légende dit que c’est une armée romaine pétrifiée par un miracle de saint Cornellis poursuivi par les Romains pour être martyrisé. Ce sera pour moi un vrai bonheur de te revoir après une année de séparation. Mais si papa t’emmène à Livet, je serai consolée par la pensée de ton bonheur. Adieu ou au revoir, cher enfant bien-aimé. Je t’embrasse bien tendrement.

Grand’mère de Ségur.


Demande qu’on te prépare ton petit paquet.


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Kermadio, 1871, 11 avril.

Cher enfant…, ils [1] ont bu tant de vin et d’eau-de-vie pendant leur règne de bandits que la moindre blessure devient gangreneuse. — Armand se joint à moi pour te demander des nouvelles de votre comédie ; as-tu bien joué ton rôle de zouave ?… Toute la maison était en l’air pour travailler au reposoir qu’on devait faire à Kerlo, cette ferme

  1. Les communards.