Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/104

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— Voyons, dit la grand’mère en souriant, voyons ce fameux âne ! »

Et, s’approchant de moi, elle me toucha, me caressa, me prit les oreilles, mit sa main à ma bouche sans que je fisse mine de la mordre ou même de m’éloigner.

La grand’mère.

Mais il a en effet l’air fort doux ; que disiez-vous donc, Émilie, qu’il avait l’air méchant ?

Jacques.

N’est-ce pas, grand’mère, n’est-ce pas qu’il est bon, qu’il faut le garder ?

La grand’mère.

Cher petit, je le crois très bon ; mais comment pouvons-nous le garder, puisqu’il n’est pas à nous ? Il faudra le ramener à son maître.

Jacques.

Il n’a pas de maître, grand’mère.

— Bien sûr il n’a pas de maître, grand’mère, reprit Jeanne, qui répétait tout ce que disait son frère.

La grand’mère.

Comment, pas de maître, c’est impossible.

Jacques.

Si, grand’mère, c’est très vrai, la mère Tranchet me l’a dit.

La grand’mère.

Alors, comment a-t-il gagné le prix de la course pour elle ? Puisqu’elle l’a pris pour courir, c’est qu’elle l’a emprunté à quelqu’un.