Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/125

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et je me mis à braire de toutes les forces de mes poumons. Je ne tardai pas à obtenir ce que je voulais. Tous mes camarades enfermés dans les caveaux me répondirent à qui mieux mieux. Je fis un pas vers les gendarmes, qui devinèrent ma manœuvre, et je revins me placer près de l’entrée des souterrains. Je me remis à braire ; cette fois personne ne me répondit ; je devinai que les voleurs, pour empêcher mes camarades de les trahir, leur avaient attaché des pierres à la queue. Tout le monde sait que, pour braire, nous dressons notre queue ; ne pouvant pas la dresser à cause du poids de la pierre, mes camarades se taisaient.


« Je me remis à braire. »

Je restais toujours à deux pas de l’entrée, lorsque je vis une tête d’homme sortir des broussailles et regarder avec précaution, ne voyant que moi, il dit :

« Voilà le coquin que nous n’avons pas pris ce matin. Tu vas rejoindre tes camarades, mon braillard. »