Aller au contenu

Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

où la pauvre petite approcha tout en boitant. La grand’mère la questionna et en obtint les mêmes réponses. Elle se trouva fort embarrassée. Renvoyer cette enfant dans l’état d’abandon et de souffrance où elle la voyait lui semblait impossible. La garder était difficile. À qui la confier ? Par qui la faire élever ?

« Écoute, petite, lui dit-elle : en attendant que je puisse prendre des informations sur ton compte et savoir si tu m’as dit la vérité, tu coucheras et tu mangeras ici. Je verrai dans quelques jours ce que je puis faire pour toi.

Elle donna ses ordres pour qu’on préparât un lit pour l’enfant et qu’on ne la laissât manquer de rien. Mais la pauvre petite était si sale, que personne ne voulait ni la toucher ni l’approcher. Thérèse en était désolée ; elle ne pouvait obliger les domestiques de sa tante de faire ce qui leur répugnait.

« C’est moi, pensa-t-elle, qui ai amené cette petite ; ce serait moi qui devrais en avoir soin. Comment faire ? »

Elle réfléchit un instant ; une idée se présenta à son esprit.

« Attends, ma petite, dit-elle ; je vais revenir tout à l’heure. »

Elle courut chez sa maman.

« Maman, dit-elle, je dois prendre un bain, n’est-ce pas ?