« Faisons-lui prendre un bain dans la rivière, ce sera très amusant.
— Bien dit, bien imaginé ! s’écrièrent les autres. Attrape-le, Frédéric ; le voilà qui se sauve. »
Et voilà Médor poursuivi par ces méchants vauriens, eux et lui courant à toutes jambes ; ils étaient malheureusement une douzaine, qui s’étaient espacés, ce qui l’obligeait à toujours courir droit devant lui, car aussitôt qu’il cherchait à leur échapper à droite ou à gauche, tous l’entouraient, et il retardait ainsi sa fuite au lieu de l’accélérer. Il était bien jeune alors, il n’avait que quatre mois ; il ne pouvait courir vite ni longtemps ; il finit donc par être pris. L’un le saisit par la queue, l’autre par la patte, d’autres par le cou, les oreilles, le dos, le ventre ; ils le tiraient chacun de leur côté, et s’amusaient de ses cris. Enfin, ils lui attachèrent au cou une ficelle qui le serrait à l’étrangler, le tirèrent après eux, et le firent avancer avec force coups de pied ; ils arrivèrent ainsi jusqu’à la rivière ; l’un d’eux allait l’y jeter après avoir défait la ficelle ; mais le plus grand s’écria :
« Attends, donne-moi la ficelle, attachons-lui deux vessies au cou pour le faire nager, nous le pousserons jusqu’à l’usine, et nous le ferons passer sous la roue. »
Le pauvre Médor se débattait vainement ; que pouvait-il faire contre une douzaine de gamins dont les plus jeunes avaient pour le moins dix ans ? André, le plus méchant de la bande, lui attacha les