Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/236

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— Tu peux bien l’ôter toi-même, poltron que tu es, reprit Henri avec indignation.

Élisabeth.

Tiens ! il a peur d’une bête qu’il a dans sa poche, et il veut que nous l’ôtions, quand il n’ose pas la toucher. »



Les enfants, après avoir été un peu effrayés, finirent par rire des contorsions d’Auguste, qui ne savait comment se débarrasser de la grenouille. Il la sentait gigoter et grimper dans sa poche. La frayeur augmentait à chaque mouvement de la grenouille. Enfin, perdant la tête, fou de terreur, il ne trouva d’autre moyen de se débarrasser de l’animal, qu’il sentait remuer et qu’il n’osait toucher, qu’en ôtant son habit et le jetant à terre. Il resta en manches de chemise ; les enfants éclatèrent de rire et se précipitèrent sur l’habit. Henri entr’ouvrit la poche de derrière ; la grenouille prisonnière, voyant du jour, s’élança par l’ouverture, tout étroite qu’elle était, et chacun put voir un joli petit gresset effrayé,