Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/245

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Pierre.

Eh bien, alors… il pourrait te jeter par terre.

Auguste, très piqué.

Sois tranquille, je suis plus adroit que tu ne le penses. Si tu veux bien t’en priver pour moi, sois sûr que je saurai le mener tout aussi bien que toi-même.

Pierre.

Comme tu voudras, mon cher. Prends le poney, je prendrai l’âne de la ferme, et Henri montera Cadichon. »

Henri les vint rejoindre ; nous étions tout prêts à partir. Auguste approcha du poney, qui s’agita un peu et fit deux ou trois petits sauts. Auguste le regarda d’un air inquiet.

« Tenez-le bien jusqu’à ce que je sois dessus, dit-il.

Le cocher.

Il n’y a pas de danger, monsieur ; l’animal n’est pas méchant ; vous n’avez pas besoin d’avoir peur.

Auguste, piqué.

Je n’ai pas peur du tout ; est-ce que j’ai l’air d’avoir peur, moi qui n’ai peur de rien !

Henri, tout bas à Pierre.

Excepté des gressets.

Auguste.

Que dis-tu, Henri ? Qu’as-tu dit à l’oreille de Pierre ?

Henri, avec malice.

Oh ! rien d’intéressant ; je croyais voir un gresset là-bas sur l’herbe. »