Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/249

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

bouche ; il en avait jusqu’aux oreilles, et il ne pouvait parvenir à retrouver le bord. Je riais intérieurement. « Médor, me dis-je, Médor, tu es vengé ! » Je ne réfléchissais pas au mal que je pouvais faire à ce pauvre garçon, qui, en tuant Médor, avait fait une maladresse et non une méchanceté ; je ne songeais pas que c’était moi qui étais le plus mauvais des deux.


Ils appelèrent les garçons de ferme.


Enfin, Pierre et Henri, qui étaient descendus de cheval et d’âne, ne voyant ni moi ni Auguste, s’étonnèrent de ce retard ; ils revinrent sur leurs pas et m’aperçurent au bord du fossé, contemplant d’un air satisfait mon ennemi qui barbotait. Ils approchèrent, et, voyant qu’Auguste courait un danger sérieux d’être suffoqué par la boue, ils ne purent s’empêcher de pousser un cri en le voyant dans cette cruelle position. Ils appelèrent les garçons de ferme, qui lui tendirent une perche, à laquelle il s’accrocha et qu’on retira