Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/300

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Henriette, riant.

Merci du compliment, Ferdinand ! Qu’êtes-vous donc, si je suis un singe ?

Ferdinand.

Ah ! mam’zelle, je n’ai point dit que vous étiez un singe : et si je me suis mal exprimé pour cela, mettez que je suis un âne, un cornichon, une oie.

Henriette.

Non, non, pas tant que cela, Ferdinand, mais seulement un babillard qui parle quand il devrait travailler. Faites la litière de l’âne, ajouta-t-elle d’un ton sérieux, et donnez-lui à boire et à manger. »

Elle sortit ; Ferdinand fit en grommelant ce que lui avait ordonné sa jeune maîtresse. En faisant ma litière, il me donna quelques coups de fourche, me jeta avec humeur une botte de foin, une poignée d’avoine, et posa près de moi un seau d’eau. Je n’étais pas attaché ; j’aurais pu m’en aller, mais j’aimai mieux souffrir encore un peu, et donner le lendemain, pour achever ma bonne œuvre, ma seconde et dernière représentation.

En effet, quand la journée du lendemain fut avancée, on vint me prendre ; mon maître m’amena sur une grande place qui était pleine de monde ; on m’avait tambouriné le matin, c’est-à-dire que le tambour du village s’était promené partout de grand matin en criant : « Ce soir, grande représentation de l’âne savant dit Mirliflore ; on se réunira à huit heures sur la place en face la mairie et l’école. »