Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/316

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Le papa de Jacques.

Du sang ! une blessure à la tête !

Le cocher.

Et l’autre aussi, même blessure ! On dirait que c’est un coup de pied de cheval ou d’âne.

Le papa de Jacques.

Oui, voilà la marque du fer sur le front.

Le cocher.

Qu’ordonnent ces messieurs ? Que veulent-ils qu’on fasse de ces hommes ?

Le papa de Pierre.

Il faut les porter à la maison, atteler le cabriolet, et aller chercher le médecin. Nous autres, en attendant le médecin, nous tâcherons de leur faire reprendre connaissance. »

Le jardinier apporta un brancard ; on y posa les blessés, et on les porta dans une grande pièce qui servait d’orangerie pendant l’hiver. Ils restaient toujours sans mouvement.

« Je ne connais pas ces visages-là, dit le jardinier après les avoir examinés attentivement à la lumière.

— Peut-être ont-ils sur eux des papiers qui les feront reconnaître, dit le papa de Louis ; on ferait savoir à leurs familles qu’ils sont ici et blessés. »

Le jardinier fouilla dans leurs poches, en retira quelques papiers, qu’il remit au papa de Jacques, puis deux couteaux bien aiguisés, bien pointus, et un gros paquet de clefs.

« Ah ! ah ! ceci indique l’état de ces messieurs ! s’écria-t-il ; ils venaient voler et peut-être tuer.