Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/61

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volé, et me firent tant de compliments que j’en fus honteux, car je sentais bien que je méritais le bâton bien plus que des caresses. On me laissa paître tranquillement, et j’aurais passé une journée charmante, si je ne m’étais pas senti troublé par ma conscience, qui me reprochait d’avoir attrapé mes pauvres maîtres.


Les pauvres gens revinrent essoufflés.

Quand le fermier revint et qu’il apprit mon retour, il fut bien content, mais aussi bien surpris. Le lendemain, il fit le tour de la prairie, et boucha avec soin tous les trous de la haie qui l’entourait.

« Il sera bien fin s’il s’échappe encore, dit-il en finissant. J’ai bouché avec des épines et des piquets jusqu’aux plus petites brèches ; il n’y a pas de quoi donner passage à un chat. »

La semaine se passa tranquillement ; on ne pensait plus à mon aventure. Mais au marché suivant je recommençai mon méchant tour, et je me cachai dans ce fossé qui m’évitait une si grande fatigue et un si grand ennui. On me chercha comme la der-