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VIII

L’INCENDIE


Un soir que je commençais à m’endormir, je fus réveillé par des cris : Au feu ! Inquiet, effrayé, je cherchai à me débarrasser de la courroie qui me retenait ; mais, j’eus beau tirer, me rouler à terre, la maudite courroie ne cassait pas. J’eus enfin l’heureuse idée de la couper avec mes dents : j’y parvins après quelques efforts. La lueur de l’incendie éclairait ma pauvre écurie ; les cris, le bruit augmentaient ; j’entendais les lamentations des domestiques, le craquement des murs, des planchers qui s’écroulaient, le ronflement des flammes ; la fumée pénétrait déjà dans mon écurie, et personne ne songeait à moi ; personne n’avait la charitable pensée d’ouvrir seulement ma porte pour me faire échapper. Les flammes augmentaient de violence ; je sentais une chaleur incommode qui commençait à me suffoquer.