Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/102

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toute la tête, car il y avait deux ans sept mois et six jours qu’il était parti. Henri avait près de dix ans. Avant qu’il eût le temps de répondre, la fenêtre s’ouvrit et la fée Bienfaisante parut. Elle embrassa Henri, et, s’approchant du lit de la maman, lui raconta tout ce que le petit Henri avait fait pour la sauver, les dangers qu’il avait courus, les fatigues qu’il avait endurées, le courage, la patience, la bonté qu’il avait montrés. Henri rougissait de s’entendre louer ainsi par la fée ; la maman serrait son petit Henri contre son cœur et ne se lassait pas de l’embrasser. Après les premiers moments de bonheur et d’effusion, la fée dit :

« Maintenant, Henri, tu peux faire usage des présents du petit Vieillard et du Géant de la montagne. »

Henri tira sa tabatière et l’ouvrit ; aussitôt il en sortit une si grande foule de petits ouvriers, pas plus grands qu’une abeille, que la chambre en fut remplie ; ils se mirent à travailler avec une telle adresse et une telle promptitude, qu’en un quart d’heure ils bâtirent et meublèrent une jolie maison qui se trouva au milieu d’un grand jardin, adossée à un bois et à une belle prairie.

« Tout cela est à toi, mon brave Henri, dit la fée. Le chardon du Géant te procurera ce qui te manque, le bâton du Loup te transportera où tu voudras, et la griffe du Chat te conservera la santé et la jeunesse, ainsi qu’à ta maman. Adieu, Henri, vis heureux et n’oublie pas que la vertu et l’amour filial sont toujours récompensés. »