Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/111

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sont en âge d’être mariées ; j’invite les princes et les princesses de tous les royaumes du monde à venir assister aux fêtes que je dois donner pour choisir des maris à vos sœurs. Vous avez quinze ans, vous êtes d’âge à paraître à ces fêtes. Vous pouvez venir passer trois jours chez moi. Je vous enverrai chercher dans huit jours ; je ne vous envoie pas d’argent pour vos toilettes, car j’ai beaucoup dépensé pour vos sœurs : d’ailleurs, personne ne vous regardera ; ainsi habillez-vous comme vous voudrez.

« Le Roi, votre père. »


Rosette courut bien vite montrer la lettre à sa nourrice.

« Es-tu contente, Rosette, d’aller à ces fêtes ? »

— Oh oui ! Ma bonne nourrice, bien contente : je m’amuserai bien ; je connaîtrai mon père, ma mère, mes sœurs, et puis je reviendrai près de toi.

— Mais, dit la nourrice en hochant la tête, quelle toilette mettras-tu, ma pauvre enfant ?

— Ma belle robe de percale blanche que je mets les jours de fête, ma bonne nourrice.

— Ma pauvre petite, cette robe, convenable pour la campagne, sera bien misérable pour une réunion de rois et de princes.

— Eh ! Qu’importe, ma bonne ! Mon père dit lui-même que personne ne me regardera. Cela me mettra beaucoup plus à l’aise : je verrai tout, et personne ne me verra. »