Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/112

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La nourrice soupira, ne répondit rien et se mit à raccommoder, à blanchir et à repasser la robe de Rosette. La veille du jour où l’on devait venir la chercher, elle l’appela et lui dit :

« Voici, ma chère enfant, ta toilette pour les fêtes du roi ; ménage bien ta robe, car tu n’en as pas d’autre, et je ne serai pas là pour la blanchir ou la repasser.

— Merci, ma bonne nourrice ; sois tranquille, j’y ferai bien attention. »

La nourrice réunit dans une petite caisse la robe, un jupon blanc, des bas de coton, des souliers de peau noire et un petit bouquet de fleurs que Rosette devait mettre dans ses cheveux. Au moment où elle allait fermer la caisse, la fenêtre s’ouvrit violemment, et la fée Puissante entra.

« Tu vas donc à la cour du roi ton père, ma chère Rosette ? dit la fée.

— Oui, chère marraine, j’y vais pour trois jours.

— Et quelles toilettes as-tu préparées pour ces trois jours ?

— Voici, ma marraine ; regardez. »

Et elle montra la caisse encore ouverte. La fée sourit, tira un flacon de sa poche, et dit : « Je veux que ma Rosette fasse sensation par sa toilette : ceci n’est pas digne d’elle. »

Elle ouvrit le flacon et versa une goutte de liqueur sur sa robe ; immédiatement la robe devint jaune, chiffonnée, et se changea en grosse toile à torchons. Une autre goutte sur les bas en fit de