Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/145

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du roi, tentèrent de faire mourir Rosette par le moyen que vous avez vu, en brisant son char, petit et léger, avec les leurs, pesants et massifs. Je viens de les punir tous comme ils le méritent.

Orangine et Roussette ont eu la figure tellement meurtrie par les pierres, qu’elles sont devenues affreuses ; je les ai fait revenir de leur évanouissement, j’ai guéri leurs blessures, mais en laissant les hideuses cicatrices qui les défigurent ; j’ai changé leurs riches costumes en ceux de pauvres paysannes, et je les ai mariées sur-le-champ avec deux palefreniers brutaux qui ont mission de les battre et maltraiter jusqu’à ce que leur cœur soit changé, ce qui n’arrivera sans doute jamais.

Quant au roi et à la reine, je les ai métamorphosés en bêtes de somme, et je les ai donnés à des maîtres méchants et exigeants qui leur feront expier leur scélératesse à l’égard de Rosette. De plus ils sont tous quatre transportés dans votre royaume, et condamnés à entendre sans cesse louer Rosette et son époux.

Il me reste une recommandation à vous faire, cher prince ; cachez à Rosette la punition que j’ai dû infliger à ses parents et à ses sœurs. Elle est si bonne que son bonheur en serait troublé, et je ne veux ni ne dois faire grâce à des méchants dont le cœur est vicieux et incorrigible. »

Charmant remercia vivement la fée, et lui promit le secret. Ils allèrent chercher Rosette, qui