Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— C’est la demande de cette clef qui vous a bouleversé, mon père ; qu’y a-t-il donc dans cette maison qui vous cause une telle frayeur ?

— Rosalie, tu ne sais ce que tu dis ; va chercher ton arrosoir dans la serre.

— Mais, mon père, qu’y a-t-il dans cette maisonnette ?

— Rien qui puisse t’intéresser, Rosalie.

— Mais pourquoi y allez-vous tous les jours sans jamais me permettre de vous accompagner ?

— Rosalie, tu sais que je n’aime pas les questions, et que la curiosité est un vilain défaut. »

Rosalie ne dit plus rien, mais elle resta pensive. Cette maisonnette, à laquelle elle n’avait jamais songé, lui trottait dans la tête.

« Que peut-il y avoir là-dedans ? se disait-elle. Comme mon père a pâli quand j’ai demandé d’y entrer !… Il pensait donc que je courais quelque danger en y allant !… Mais pourquoi lui-même y va-t-il tous les jours ?… C’est sans doute pour porter à manger à la bête féroce qui s’y trouve enfermée… Mais s’il y avait une bête féroce, je l’entendrais rugir ou s’agiter dans sa prison ; jamais on n’entend aucun bruit dans cette cabane ; ce n’est donc pas une bête ! D’ailleurs elle dévorerait mon père quand il y va… à moins qu’elle ne soit attachée… Mais si elle est attachée, il n’y a pas de danger pour moi non plus. Qu’est-ce que cela peut être ?… Un prisonnier !… Mais mon père est bon ; il ne voudrait pas priver d’air et de liberté un malheureux innocent !… Il faudra absolument que je