Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/155

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qui t’occupe. Adieu, ma fille, garde-toi de la curiosité. »

Prudent embrassa tendrement sa fille et s’éloigna comme s’il avait de la répugnance à la quitter. Quand il fut parti, Rosalie courut à la chambre de son père, et quelle fut sa joie en voyant la clef oubliée sur la table ! Elle la saisit et courut bien vite au bout du parc ; arrivée à la maisonnette, elle se souvint des paroles de son père :

Garde-toi de la curiosité ; elle hésita et fut sur le point de reporter la clef sans avoir regardé dans la maisonnette, lorsqu’elle entendit sortir un léger gémissement ; elle colla son oreille contre la porte et entendit une toute petite voix qui chantait doucement :

Je suis prisonnière,
Et seule sur la terre.
Bientôt je dois mourir,
D’ici jamais sortir.

« Plus de doute, se dit-elle ; c’est une malheureuse créature que mon père tient enfermée. »

Et frappant doucement à la porte, elle dit :

« Qui êtes-vous et que puis-je faire pour vous ?

— Ouvrez-moi, Rosalie ; de grâce, ouvrez-moi.

— Mais pourquoi êtes-vous prisonnière ? N’avez-vous pas commis quelque crime ?

— Hélas ! non, Rosalie ; c’est un enchanteur qui me retient ici. Sauvez-moi, et je vous témoignerai ma reconnaissance en vous racontant ce que je suis. »

Rosalie n’hésita plus, sa curiosité l’emporta sur