Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/161

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« Rosalie, dit Prudent d’une voix tremblante, j’ai oublié la clef de la maisonnette ; l’as-tu trouvée ?

— La voici, mon père, dit Rosalie en la lui présentant et devenant très rouge.

— Qu’est-ce donc que cette crème renversée ?

— Mon père, c’est le chat.

— Comment, le chat ? Le chat a apporté au milieu de la chambre une chaudronnée de lait pour le répandre ?

— Non, mon père, c’est moi qui, en le portant, l’ai renversé. »

Rosalie parlait bien bas et n’osait pas regarder son père.

« Prends le balai, Rosalie, pour enlever cette crème.

— Il n’y a plus de balai, mon père.

— Plus de balai ! Il y en avait un quand je suis sorti.

— Je l’ai brûlé, mon père, par mégarde, en… en… »

Elle s’arrêta. Son père la regarda fixement, jeta un coup d’œil inquiet autour de la chambre, soupira et se dirigea lentement vers la maisonnette du parc.

Rosalie tomba sur une chaise en sanglotant ; la Souris ne bougeait pas. Peu d’instants après, Prudent rentra précipitamment, le visage bouleversé d’effroi.

« Rosalie, malheureuse enfant, qu’as-tu fait ? Tu as cédé à ta fatale curiosité, et tu as délivré notre plus cruelle ennemie.