Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/162

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— Mon père, pardonnez-moi, pardonnez-moi, s’écria Rosalie en se jetant à ses pieds ; j’ignorais le mal que je faisais.

— C’est ce qui arrive toujours quand on désobéit, Rosalie : on croit ne faire qu’un petit mal, et on en fait un très grand à soi et aux autres.

— Mais, mon père, qu’est-ce donc que cette Souris qui vous cause une si grande frayeur ? Comment, si elle a tant de pouvoir, la reteniez-vous prisonnière, et pourquoi ne pouvez-vous pas la renfermer de nouveau ?

— Cette Souris, ma fille, est une fée méchante et puissante ; moi-même je suis le génie Prudent, et puisque tu as délivré mon ennemie, je puis te révéler ce que je devais te cacher jusqu’à l’âge de quinze ans.

« Je suis donc, comme je te le disais, le génie Prudent ; ta mère n’était qu’une simple mortelle ; mais ses vertus et sa beauté touchèrent la reine des fées aussi bien que le roi des génies, et ils me permirent de l’épouser.

« Je donnai de grandes fêtes pour mon mariage ; malheureusement j’oubliai d’y convoquer la fée Détestable, qui, déjà irritée de me voir épouser une princesse, après mon refus d’épouser une de ses filles, me jura une haine implacable ainsi qu’à ma femme et à mes enfants.

« Je ne m’effrayai pas de ses menaces, parce que j’avais moi-même une puissance presque égale à la sienne, et que j’étais fort aimé de la reine des fées. Plusieurs fois j’empêchai par mes enchante-