Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

petite ! Pourquoi est-elle seule ? Qui est-elle ? Réponds donc, Ourson ! Je n’y comprends rien, moi.

— Je n’en sais pas plus que vous, chère Passerose, dit Ourson ; j’ai vu cette pauvre petite endormie dans le bois toute seule ; elle s’est éveillée, elle a pleuré ; puis elle m’a vu, elle a crié. Je lui ai parlé, j’ai voulu approcher d’elle, elle a crié encore ; j’ai eu du chagrin, beaucoup de chagrin, j’ai pleuré…

— Tais-toi, tais-toi, pauvre Ourson, s’écria Violette en lui mettant la main sur la bouche. Violette plus faire pleurer jamais, bien sûr. »

Et en disant ces mots, Violette elle-même avait la voix tremblante et les yeux pleins de larmes.

« Bonne petite, dit Agnella en l’embrassant, tu aimeras donc mon pauvre Ourson qui est si malheureux ?

— Oh ! oui ; Violette aimer beaucoup Ourson. Violette toujours avec Ourson. »

Agnella et Passerose eurent beau questionner Violette sur ses parents, sur son pays, elles ne purent savoir autre chose que ce que savait Ourson. Son père était roi, sa mère était reine. Elle ne savait pas comment elle s’était trouvée dans la forêt.

Agnella n’hésita pas à prendre sous sa garde cette pauvre enfant perdue ; elle l’aimait déjà, à cause de l’affection que la petite semblait éprouver pour Ourson, et aussi à cause du bonheur que ressentait Ourson de se voir aimé, recherché par une créature humaine autre que sa mère et Passerose.