Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/216

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pela les événements de la veille, sauta à bas de son tas de foin et courut bien vite à la fontaine pour se débarbouiller.

Pendant qu’il se lavait, Passerose, qui s’était levée de bonne heure comme Ourson, sortit pour traire la vache et laissa la porte de la maison ouverte. Ourson entra sans faire de bruit, pénétra jusqu’à la chambre de sa mère qui dormait encore, et entr’ouvrit les rideaux du lit de Violette ; elle dormait comme Agnella.

Ourson la regardait dormir, et souriait de la voir sourire dans ses rêves. Tout à coup le visage de Violette se contracta ; elle poussa un cri, se releva à demi, et, jetant ses petits bras au cou d’Ourson, elle s’écria :

« Ourson, bon Ourson, sauver Violette ! pauvre Violette dans l’eau ! Méchant crapaud tirer Violette ! »

Et elle s’éveilla en pleurant, avec tous les symptômes d’une vive frayeur ; elle tenait Ourson serré de ses deux petits bras : il avait beau la rassurer, la consoler, l’embrasser, elle criait toujours :

« Méchant crapaud ! bon Ourson ! sauver Violette ! »

Agnella, qui s’était éveillée au premier cri, ne comprenait rien à la terreur de Violette ; enfin elle parvint à la calmer, et Violette raconta :

« Violette promener, et Ourson conduire Violette ; Ourson plus donner la main, plus regarder Violette. Méchant crapaud venir tirer Violette dans l’eau ; pauvre Violette tomber et appeler